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avaient blanchi dans les fatigues et les épreuves d'une vie agitée (1). Près de lui tombèrent le colonel égyptien Rusten-Bey, et le colonel Ali-Bey, tous deux mortellement blessés. Il était dix heures lorsque les Russes, renonçant à l'espoir de s'emparer de vive force d'Eupatoria, se retirèrent en bon ordre.

« La supériorité de l'ennemi en artillerie et en cavalerie, dit le rapport du général Omer-Pacha, nous a empêchés de l'inquiéter dans sa retraite qui s'effectuait par trois directions différentes, vers le pont du lac Laşik, vers Top-Mamaï, et vers la route de Pérékop (2).

(1) Sélim-Pacha commandait les troupes égyptiennes, qui jouissent dans l'armée ottomane d'une réputation méritée de valeur et de solidité. On l'appelait le dernier des mamelucks, parce que seul, il échappa au massacre du Caire, qui fut le signal de destruction de cette milice. Il se plaisait souvent à raconter lui-même le miracle auquel il devait la vie

Voyant tous ses compagnons d'armes cernés dans la citadelle du Caire, tombés sous les coups des soldats du vice-roi, il prit une résolution suprême, fit monter son cheval sur le parapet de la forteresse et le lança dans l'espace. L'animal, écrasé dans la chute, sauva la vie à son cavalier qui, tout meurtri, tomba sans connaissance. Méhémet-Ali, étonné de tant de résolution et de bonheur, donna l'ordre qu'il fût épargné.

Sélim-Pacha, dans la journée du 17, fut atteint d'une balle qui, entrant par la bouche, lui fracassa la partie supérieure de la colonne vertébrale au moment où, se dressant au-dessus du parapet, il observait les mouvements de l'armée russe qui commençait à s'ébranler. »

(2)

Rapport du général turc Omer-Pacha.

<< Nous regrettons la mort de Sélim-Pacha, lieutenant général commandant les forces égyptiennes. Nous avons eu en outre 87 tués et 277 blessés; il y a eu 79 chevaux tués et 18 blessés.

<< Parmi les tués, 7 officiers; 10 sont blessés: de ce nombre est Soliman-Pacha; 13 habitants de la ville ont été tués et 11 blessés. Je crois de mon devoir de faire une mention honorable d'un détache

La petite garnison française, qui compte environ 200 hommes appartenant au 3o régiment d'infanterie de marine et à la flotte (équipage du Henri IV), a honorablement figuré dans la défense, sous les ordres du commandant Osmont.

Cet événement, dans les circonstances où il se produisait, avait une grande importance; car la place d'Eupatoria était appelée à remplir un rôle sérieux et difficile le mouvement des Russes dénotait qu'ils comprenaient cette importance, et que ce n'était pas à tort que les prévisions des généraux en chef des trois armées s'étaient portés sur ce point et avaient décidé que cette ville serait occupée par l'armée ottomane, élevée au chiffre de 40 000 hommes environ. La nouvelle de ce fait d'armes, apportée par un vapeur anglais, arriva le 18 au camp des armées alliées devant Sébastopol.

CIII. De nouveaux rapports très-détaillés constataient la présence d'une partie de la 17 division russe

ment français qui est ici, et des vaisseaux de guerre Curaçao, Furious, Valorous et Viper. Je citerai aussi avec éloges le vapeur turc Schefaër, ainsi que l'énergique coopération du vapeur français le Véloce, qui tous, ont puissamment contribué à déjouer les efforts de l'ennemi.

« Le détachement français a eu 4 hommes tués et 9 blessés. Un officier de marine est au nombre de ces derniers. La perte des Russes doit avoir été considérable. Suivant le rapport des autorités civiles d'Eupatoria qui ont eu à enterrer les morts, ils ont eu 453 tués. Leur artillerie a perdu 300 chevaux; ils ont enlevé un grand nombre de leurs morts et presque tous leurs blessés. Nous avons fait 7 prisonniers.

Le rapport du général Khrouleff accuse 500 hommes tués ou blessés.

sur la rive droite de la Tchernaïa, près du village de Tchorgoun; ces rapports, provenant des espions et des déserteurs, s'accordaient à porter au chiffre de 5000 hommes au plus, ce gros de l'armée ennemie, à laquelle étaient adjoints 150 ou 200 chevaux et six pièces d'artillerie de campagne. Le général Canrobert résolut aussitôt de chercher à faire enlever, ou tout au moins à refouler vigoureusement cette portion de troupes. Le 18 au soir, en faisant part de ces informations au général Bosquet, il lui envoyait l'ordre d'effectuer son mouvement avec la 1re division du corps d'armée qu'il commandait, une brigade de la 2°, la brigade de chasseurs d'Afrique et trois batteries d'artillerie. Les troupes devaient se mettre en marche dans la nuit du 19 au 20 et arriver à cinq heures du matin à la hauteur du pont de pierre de Traktir, de manière à pouvoir se porter au lever du jour, le plus promptement possible, sur la rive droite de la Tchernaïa.

Selon les instructions qu'il avait reçues, le général Bosquet partit dans la nuit. A minuit et demi les troupes de la 1 division se préparèrent à descendre dans la plaine de Balaclava; la nuit était très-obscure, une pluie fine, chassée par un vent du nord, tombait depuis une demi-heure environ. Bientôt à cette pluie succéda un ouragan subit de neige qui s'abattit avec une extrême violence. Une heure était à peine écoulée, que les neiges amoncelées recouvraient entièrement le sol. L'ordre de revenir fut aussitôt donné; cet ordre, qui parvint difficilement aux différents corps, fut

plus difficilement encore exécuté, et des fractions de troupes, ne pouvant conserver de direction exacte au milieu de la tourmente, s'égarèrent, tant l'obscurité était profonde. Vers deux heures cependant, la 1re division que commandait le général Espinasse, fut ralliée et formée en colonne.

«

Après s'être assuré par des sonneries fréquentes, dit le journal de la division, qu'aucune troupe n'était restée dans la plaine de Balaclava, en dehors du mamelon de la vedette anglaise, le général donna l'ordre de marcher, de manière à éviter les congélations et à ne pas s'écarter du point où se trouvait la colonne. A cet effet, les hommes marchèrent successivement au vent et sous le vent, en décrivant des cercles, et, se retrouvèrent au jour naissant, au pied des positions, dont ils gravirent avec peine les pentes escarpées que les amoncellements de neige rendaient d'un accès très-pénible. Le vent soufflait du nord avec une violence excessive. A six heures un quart les troupes étaient rentrées à leurs bivouacs, sans qu'il manquât un homme à l'appel.

>>

La tourmente avait rendu, en peu d'heures, le camp si méconnaissable, que les soldats ne purent qu'à grand'peine retrouver l'emplacement de leurs tentes presque entièrement ensevelies.

Cet ouragan de neige et de glace avait, surtout pour nos travaux d'approche, des conséquences cruelles : il en paralysait l'exécution et donnait aux troupes épuisées déjà par des fatigues sans nombre, de nouvelles et re

doutables épreuves. Toutes les nuits, dans les tran chées, des cas de congélation se manifestaient, et les brancards portaient aux ambulances, côte à côte avec les blessés, des soldats que le froid renversait inanimés. Les désastres que l'on doit à la fureur des éléments, sont les plus terribles, car ils sont inévitables, et la force humaine n'a contre eux que le dévouement et la résignation.

CIV. Nos préparatifs d'attaque contre la tour Malakoff inquiétaient visiblement les Russes qui commencèrent la construction d'un ouvrage de campagne, à l'extrémité du plateau du Carénage; une seule nuit de travail avait suffi pour lui donner déjà un relief suffisant, sous la protection d'un système d'embuscades.

« Instruit hier matin, écrit le général Canrobert en date du 24 février, que les Russes avaient élevé pendant la nuit précédente de sérieux travaux de contre-approche, en face même de nos ouvrages, sur le bas d'un contre-fort du plateau d'Inkermann, qui descend à la baie, dite du Carénage, je me suis transporté sur les lieux, et après avoir longtemps examiné la nature des retranchements ennemis, je me suis décidé à les faire enlever. L'opération était difficile, car de nombreux défenseurs étaient abrités derrière le retranchement, et il était d'autant plus impossible de les surprendre, qu'ils avaient jeté, à 700 mètres environ d'eux, une véritable ceinture de petits postes fortifiés. En outre, les 800 ou 900 mètres que nos soldats avaient à parcourir avant

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