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miner avec soin les travaux d'attaque et de défense, apprécier les éventualités possibles, en bien comme en mal, et apporter l'inspiration d'idées nouvelles. - Son séjour en Crimée était un événement.

Le général en chef accueillit avec joie l'envoyé de l'Empereur, qui commença aussitôt ses explorations; il sonda le terrain dans ses plus minutieuses parties, calcula tous les obstacles, écouta les appréciations des chefs distingués des différents services qui, depuis près de quatre mois, suivaient pas à pas la progression de ce siége étrange; il visita nos travaux d'approche, examinant les défenses de l'ennemi et les protections naturelles que la nature avait jetées à profusion autour de Sébastopol.

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Depuis son arrivée, écrivait le général en chef, en date du 3 février, le général Niel n'a cessé d'étudier de près la place, qui dans son immense étendue tient de la ville forte et du camp retranché; il a pu avec son expérience apprécier les difficultés, et l'accroissement que ces difficultés ont emprunté à l'affaiblissement si regrettable de cette vaillante armée anglaise, avec laquelle nous avons commencé à demi le siége de Sébastopol.

D

XCV.

Après cet examen approfondi et sérieux, l'opinion du général Niel fut invariablement fixée.

Jamais, selon lui, un siége n'avait pu être entrepris dans des conditions plus défavorables. — Aux grands approvisionnements de l'artillerie et aux munitions ac

cumulés dans les magasins de Sébastopol depuis 70 ans, les défenseurs peuvent joindre les canons de la flotte et 12 ou 15 000 marins, excellents canonniers. De plus, l'armée de secours est en communication permanente avec la place; la garnison et les travailleurs se trouvent sans cesse renouvelés; et, en cas d'assaut, c'est l'armée russe tout entière que l'on peut avoir à combattre, sous l'appui d'un immense armement d'artillerie.

En supposant qu'on parvînt à s'emparer du bastion Central et du bastion du Mât, n'était-il pas à craindre qu'il fût impossible de pénétrer dans la ville, dont les rues barricadées, étaient défendues par de nombreuses batteries établies sur le mamelon qui se trouve au centre. Maître de la place, on y serait plongé et canonné par le fort du nord et les batteries inférieures : le siége serait loin d'être terminé. L'investissement seul peut y mettre un terme, et il y a un immense intérêt à le faire, aussitôt que l'on aura pu réunir des forces suffisantes ce qui ramènerait les différentes parties du siége dans les conditions régulières et possibles.

« En résumé, ajoutait le général, quel que soit le parti que l'on prendra au sujet de l'investissement, et malgré le danger d'étendre encore sur la droite des cheminements déjà si développés, il faut attaquer la place du côté de Malakoff.

Telle était l'appréciation du général Niel sur la position présente et les opérations à venir. L'expérience acquise, les prévisions de la science militaire, les règles et les principes reconnus, l'étude des lieux, tout le por

tait à croire, que l'investissement était le vrai moyen de s'emparer de la place.

C'était dans la question, déjà si compliquée, une nouvelle complication; la partie était engagée, la saison d'hiver prodiguait ses pluies, ses neiges, ses ouragans subits, et l'armée, comme l'avait écrit le général Canrobert, était forcément immobilisée.

CHAPITRE VII.

XCVI. Les conférences entre les généraux en chef des deux armées étaient fréquentes. Le siége direct avait de nombreux partisans; le génie et l'artillerie étaient remplis d'espérance, nos soldats remplis de foi, d'élan, de courageuse persistance. Toutefois, les difficultés inhérentes à ce siége irrégulier n'avaient échappé à personne; c'est pourquoi on voulait se hâter de se frayer par l'artillerie une route, quelque étroite qu'elle pût être, pour jeter sur la ville assiégée, à travers ses lignes multiples de défense, une avalanche irrésistible de baïonnettes.

Après un conseil tenu le 1er février 1855, le général Canrobert décida que des travaux d'approche seraient exécutés devant la tour Malakoff par le corps du génie aux ordres du général Bosquet, afin de pouvoir attaquer par ce point dominant le faubourg de Karabelnaïa, au

moment où l'assaut serait donné à l'ouest de Sébastopol. Les bases des premiers travaux à exécuter furent établies; les officiers d'artillerie et du génie chargés de leur direction devaient se concerter avec les chefs compétents de l'armée anglaise, afin d'en assurer l'exécution immédiate (1).

Dès le 7 février, 1200 travailleurs se mettent à l'œuvre; et pendant qu'ils commencent à tracer les communications et à élever des épaulements, on transporte des boulets, des fusées incendiaires, et tous les objets né

(1) Attaque de droite, dite de la tour Malakoff. Journal du

corps de siége.

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Deux batteries seront construites, l'une de 8 pièces au point de jonction de nos travaux avec ceux des Anglais; l'autre de 15 pièces, au moins, sur le versant est du bassin du Carénage.

Les batteries doivent croiser leurs feux sur la tour et sur le mamelon situé en avant. Sous la protection de ces deux batteries et des batteries anglaises, on ouvrira à l'ouest les travaux d'approche qui permettront d'aborder le bastion Central, et à l'est la parallèle qui doit couronner le mamelon situé au sud de la tour Malakoff. Une batterie de 15 pièces sera construite ultérieurement près de cette dernière parallèle.

On fera ensuite des cheminements sur les deux contre-forts qui comprennent le ravin des Docks pour s'approcher du Redan et de la tour.

Pour l'exécution des travaux, le général en chef nomme MM. le lieutenant-colonel d'artillerie de Laboussinière et le chef de bataillon du génie de Saint-Laurent.

Le 7 février, le commandant de Saint-Laurent prévient le général Bosquet que les Russes travaillent avec la plus grande activité à augmenter leurs moyens de défense autour du phare, ils ont élevé 5 épaulements couvrant 17 pièces, et 3 mortiers, dont le feu doit être dirigé contre la batterie du fond du port.

Sur la demande du colonel de Laboussinière, le génie terminera la batterie du fond du port, afin de ralentir les travaux des Russes et d'éteindre les feux des 5 batteries.

cessaires à la construction projetée de deux nouvelles batteries, l'une au point de jonction de nos travaux avec ceux des Anglais, l'autre sur le versant est du bastion du Carénage.

Le chef d'escadron d'état-major Besson est désigné pour remplir les fonctions de major de tranchée.

XCVII. Pendant que ces récentes décisions attribuaient à l'armée française un nouveau point d'attaque et de nouveaux travaux d'approche, le corps de siége d'attaque primitive complétait ses points offensifs par l'achèvement intégral et l'armement de ses nombreuses batteries (1). Il était prêt, on le sait, depuis la fin de janvier à ouvrir son feu sur tout son développement. Par un subit revirement, l'intérêt réel de la situation allait se porter sur la nouvelle attaque que nous avions entreprise, et les Russes, eux-mêmes, se voyant ainsi plus étroitement enveloppés sur tous les points, tournaient de ce côté toute leur activité et toutes leurs préoccupations. C'était là que devaient se passer les principaux événements du siége, c'était là que nos travaux, commencés dans un but de diversion, devaient, par la force des événements, finir par être l'attaque réelle.

XCVIII.-L'Empereur venait d'arrêter une nouvelle organisation de l'armée d'Orient, en la constituant définiti

(1) Ces batteries s'élevaient au nombre de 33; la batterie 33 est une batterie de campagne placée dans la ligne de contre-vallation et destinée à tirer sur l'ennemi, en cas de sortie.

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