Intérêt de l'ECMO dans la défaillance primaire du greffon cardiaque

Contexte : La transplantation cardiaque est le traitement ultime de l'insuffisance cardiaque terminale. Les défaillances primaires du greffon cardiaque (PCAGF ou primary cardiac allograft failure) représentent la première cause de mortalité à court terme suivant la transplantation. L'objectif de l'étude est de caractériser les patients transplantés ayant nécessité le recours à l'implantation d'une ECMO (Extra Corporeal Membrane Oxygenation) pour PCAGF et d'évaluer les modalités d'application de l'ECMO dans cette indication. Méthode : Il s'agit d'une étude rétrospective monocentrique incluant tous les patients opérés de transplantation cardiaque au CHU de Rouen entre 2004 et 2008. Le devenir des patients sous ECMO pour PCAGF (survie, sevrage, complications) a été recueilli. Les patients ont été regroupés selon qu'ils aient ou non bénéficié d'une ECMO et les caractéristiques des donneurs, des receveurs et de la transplantation ont été comparées entre les deux groupes. Résultats : De novembre 2004 à novembre 2008, 62 patients ont été transplantés cardiaque au CHU de Rouen. 15 d'entre eux (25%) ont nécessité l'implantation d'une ECMO pour PCAGF. Le taux de sevrage de l'ECMO était de 73% (11 patients) au terme d'une durée médiane de 7 jours. La survie à la sortie de l'hôpital était de 53% (8 patients). Les complications liées à l'ECMO étaient, par ordre décroissant : les complications hémorragiques (66%), les réinterventions chirurgicales précoces (66%), l'épuration extra rénale (55%) et les complications thromboemboliques (12%). La comparaison des patients avec et sans mise en place d'une ECMO n'a pas décelé de différence en terme d'âge, de sexe et de cardiopathie sous jacente entre ces deux groupes. Les délais d'attente sur liste de greffe, le temps d'ischémie du greffon et les caractéristiques des donneurs sont identiques dans les 2 groupes. Conclusion : Au CHU de Rouen, l'implantation de l'ECMO dans les cas de défaillance primaire du greffon cardiaque a permis à une majorité des patients de pouvoir survivre jusqu'à la récupération du greffon. Cependant, cette assistance est grevée de complications fréquentes et parfois graves. Des études complémentaires sont nécessaires pour sélectionner précocement les patients qui en bénéficieront le plus.