Flaubert

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Eurédit, 2007 - 291 Seiten
J'aime mon art d'un amour frénétique et perverti, comme un ascète le cilice qui lui gratte le ventre... Je me hais et je m'accuse de cette démence d'orgueil... Un quart d'heure après, tout est changé ; le cœur me bat de joie ". Ces tourments et ces joies de la création, Flaubert les cultive passionnément et leur consacre sa vie. Car " le seul moyen de la supporter, c'est de l'éviter. Et on l'évite en vivant dans l'Art ". En effet, de même qu'il transpose le réel en beauté, l'art métamorphose la vie du créateur. Telle fut l'expérience que vécut Flaubert. Loin des hommes et de leur société, tout entier en sa création, il dispose librement, divinement du monde et de lui-même: " Voilà pourquoi j'aime l'Art... tout est liberté dans ce monde des fictions. On y assouvit tout, on y fait tout ". Alors il peut bien souffrir dans " les affres du style ", douter et désespérer de soi ; il sait qu'il le veut, qu'il ne changera point et que sa religion de l'art est sa raison de vivre. Encore jeune, en 1850, il s'inquiétait: " Je crèverai à soixante ans avant d'avoir une opinion sur mon compte, ni peut-être fait une œuvre qui m'ait donné ma mesure ". En 1880 il hésite toujours sur la valeur de ce qu'il écrit, mais depuis longtemps il ne s'inquiète plus de mourir : il s'est dévoué et accompli, ses œuvres témoignent et demeurent. Le reste importe peu. Qu'il rentre dans le grand Tout: " la mort n'a peut-être pas plus de secrets à nous révéler que la vie.

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